Un dirigeable au p?le Nord

【電子書籍なら、スマホ・パソコンの無料アプリで今すぐ読める!】


Un dirigeable au p?le Nord

楽天Kobo電子書籍ストア

572 円 (税抜き)

La porte s’?tait referm?e. Christiane se rapprocha de l’officier, plongea ses yeux dans les siens et, avec un accent de d?cision qu’il ne soup?onnait pas chez elle : ー Monsieur Durtal, lui dit-elle ? mi-voix, comme pour mettre plus d’intimit? dans cette grave explication, il faut accepter la proposition de cet homme, il faut essayer d’aller au P?le !… ー Mais, mademoiselle… ー ?coutez-moi, je vous en prie. Il y a des choses que les femmes sentent mieux qu’elles ne les d?montrent, et celle-l? en est une. Et puis, comment vous expliquer que la Christiane qui vous parle n’est plus celle qui sombrait au d?part dans une terreur instinctive, qu’elle n’est m?me plus la Christiane d’il y a une heure ! Tout ce que cet homme vient de dire m’a retourn?e. Songez-y ! Un acte de volont?, et c’est vous, c’est la France, qui prend la t?te de tous ces explorateurs dont il vient de citer les noms. Oh ! monsieur Durtal. Je voudrais faire passer en vous la conviction qui vient de na?tre en moi, de s’imposer ? moi irr?sistiblement… Croyez-moi, cet Am?ricain a le sentiment du grand et du beau. Il dit vrai : jamais occasion comme celle-la n’a ?t? offerte ? un homme, ? une nation… Elle mit le doigt sur le P?le et, ?tendant le bras, d’un geste large : ー Voyez-vous le retentissement qu’aurait partout cette surprenante, cette ?tourdissante nouvelle, tombant en France, en Europe, au moment o? l’on y pense le moins : ≪ Le drapeau fran?ais a ?t? plant? au P?le par un officier fran?ais ! ≫ ? Voyez-vous ces lourdes plaisanteries, qui n’ont pas d? manquer ? l’?tranger au lendemain de notre accident, les sots commentaires de toute sorte provoqu?s par la perte d’un second Patrie, tout cela s’effondrant dans une rumeur d’apoth?ose : ≪ Le Patrie est au P?le ! ≫ ? ≪ Ah ! monsieur, si vous sentiez cela comme moi !… ≫ Et les yeux dans le lointain de son r?ve, Christiane de Soignes joignit les mains. ー Je ressens tout cela comme vous, mademoiselle, fit-il, ? mi-voix, lui aussi, et tout ? l’heure, quand cet homme nous montrait le cercle d’inconnu se resserrant autour de l’axe du monde par la tenace volont? de navigateurs ?trangers, quand il disait surtout : ≪ Pas un nom fran?ais parmi tous ces noms de chercheurs et de h?ros ! ≫ j’avais presque honte de cette constatation et je me disais : ≪ Pourquoi pas nous ? ≫ ー Eh bien ! vous traduisez exactement ce que je pensais au m?me moment. Alors, concluez comme moi : essayons ! partons ! ー Mademoiselle, je le voudrais, mais tout en moi proteste. Laissez-moi vous le redire, avant tout je suis soldat ; je n’ai pas le droit ー et il articula lentement cette phrase en appuyant sur le dernier mot ー je n’ai pas le droit de disposer du Patrie. Devant cet argument unique, imp?rieux, capital, tombent tous mes enthousiasmes. J’en suis responsable vis-?-vis de mes chefs, de ce ballon, responsable, entendez-vous ? Le hasard m’en a fait le ma?tre. Mais, dans ce coin perdu des rivages arctiques, je repr?sente ? moi seul toute la hi?rarchie militaire. Je dois agir ici comme si j’?tais en communication constante avec les chefs de l’arm?e. Or, il n’est pas douteux que, si ceux-ci pouvaient m’envoyer un ordre, ce serait celui-ci : ≪ Ramenez le Patrie ? son hangar, o? il a son utilit? comme engin de guerre, o? il peut ?tre indispensable demain ≫. L? est le devoir. Christiane de Soignes secoua la t?te. ー Non, monsieur, il n’est pas l?. Vous raisonnez en officier, vous ne raisonnez pas en Fran?ais, fit-elle avec une vivacit? qui se refl?tait dans son regard plein de clart?s… ?coutez : je ne sais si c’est la voix d’a?eux tr?s lointains qui, en ce moment, bourdonne dans mon cerveau et me souffle des pens?es qui ?taient si loin de moi, il y a quelques heures… C’est possible. Je crois ? la transmission de la volont? des morts, parce qu’en infusant leur sang ? leurs descendants, ils leur ont pass? leurs plus pures aspirations et comme des parcelles d’id?al qui n’attendent qu’une occasion pour entrer en vibration… Eh bien, ? cette heure, tout vibre en moi, et je me sens remu? au plus profond de moi-m?me. Elle se tut, et, lentement, comme si elle ?coutait des voix myst?rieuses : ー Tenez, fit-elle, j’ai entendu souvent raconter par mes parents qu’un des n?tres fut, aux Indes, un compagnon d’armes de Dupleix et de sa femme Jeanne de Castro, la Begum des l?gendes hindoues. Avec ce grand Fran?ais, il lutta contre les rajahs et les Anglais et fut tu? au si?ge de Pondich?ry. C’?tait une ?me aventureuse et ses cendres reposent quelque part, sur un lointain rivage. Il ne se serait pas embarrass? d’une consigne ?troite, lui. Il aurait vu, au-dessus d’elle, le renom de la France et du roi. Eh bien, qui sait si ce n’est pas lui, cet a?eul mort pour une noble cause, qui r?veille en moi des sentiments que je ne me connaissais pas ? Qui sait si ce n’est pas lui qui vous dit par ma voix : ≪ L’heure sonne de faire une grande chose pour la France, ne la laissez pas passer ! ≫ ? Elle se tut de nouveau, ses yeux dans ceux de l’officier, et elle ne parlait plus, que Georges Durtal, profond?ment remu? par cette voix chaude et prenante, l’?coutait encore, remplissant son regard de son id?ale beaut?, car Christiane ?tait comme transfigur?e. La l?gitime fiert? de sa race se refl?tait sur son beau visage et, dans sa distinction native, elle apparaissait au jeune officier comme une de ces grandes dames de la ≪ Guerre en dentelles ≫, qui souriaient ? leurs chevaliers, en leur montrant, d’un geste gracieux, la direction du champ de bataille. Il se sentait rapetiss? ? c?t? d’elle. Il e?t voulu baiser le bas de sa robe, lui dire son admiration et tout ce qui montait en lui de chaude sympathie, de tendresse et de respect. Il e?t voulu surtout c?der ? ses objurgations. Il en comprenait la force, la justesse, mais il se sentait comme tir? en arri?re par les mots de ≪ devoir militaire ≫ et de ≪ consigne ≫, qu’on lui avait appris ? respecter avant tous les autres. La jeune fille semblait suivre sur ses traits la lutte int?rieure qui le rendait silencieux. M?lancoliquement, elle reprit : ー Plus d’une fois d?j?, j’ai regrett? d’?tre femme. J’ai envi? ceux qui combattent, ceux qui vont au loin, ceux qui meurent. Je me suis gris?e de sport pour me donner l’illusion de l’action, mais je ne suis arriv?e qu’? lasser mon corps sans rassasier mon ?me. Puis, j’ai r?v? d’?tre l’inspiratrice d’un acte h?ro?que, et voil? que l’acte se pr?cise, voil? que l’homme ayant en mains les moyens de l’accomplir est l?… Et j’?prouve une ?motion ind?finissable en lui disant : ≪ Pourquoi ne voulez-vous pas ?tre l’?lu ? ≫画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
※ご購入は、楽天kobo商品ページからお願いします。
※切り替わらない場合は、こちら をクリックして下さい。
※このページからは注文できません。

この商品の詳細を調べる


本・雑誌・コミック » 洋書 » FICTION & LITERATURE
bataille constatation objurgations nouvelle rapprocha