Histoire socialiste de la France contemporaine Tome XII et XIII

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Apr?s une effroyable agonie qui a profond?ment troubl?, ?mu la France enti?re, tout le monde civilis?, durant laquelle l’h?ro?sme des derniers combattants de la R?volution communaliste n’a ?t? ?gal? que par l’acharnement, la furieuse cruaut? des vainqueurs, ≪ l’ordre r?gne ≫, comme jadis ? Varsovie. Paris socialiste est exsangue ; ce qui en reste est terroris? ; la France semble plong?e dans une torpeur inqui?tante. Partout le deuil, partout des ruines, une d?pression morale telle qu’il ne s’en vit jamais, pas m?me aux lendemains des d?sastres de 1814 et de 1815. C’est que, en une p?riode de dix mois, tout un pays a ?t? assailli par les ?preuves les plus foudroyantes, les plus cruelles, les plus faites pour d?sorienter la conscience collective encore ? l’?tat rudimentaire. Guerre ?trang?re, criminellement et follement entreprise ; ?croulement d’un syst?me politique odieux et de la machine pr?torienne qui le soutenait : d?sastres militaires sans pr?c?dents ; invasion, guerre civile syst?matiquement provoqu?e ; arr?t de la vie normale ; tension, jusqu’aux ultimes limites, des nerfs d’un peuple d?j? trop nerveux, capable des plus prodigieux efforts, voire aussi des plus d?concertantes et dangereuses lassitudes. Toutefois, malgr? les conditions, les circonstances les plus d?favorables, malgr? les d?couragements les plus explicables, malgr? les pronostics les plus pessimistes, jamais l’histoire n’a enregistr? un aussi prompt, un aussi actif r?veil dans toutes les classes de la Soci?t?. C’est que, au lendemain m?me de l’?crasement de la R?volution du 18 mars, des probl?mes se posaient, imp?rieux, dont certains, pressants, ne pouvaient ?tre ?vit?s ; il fallait, au moins, les ?tudier, en r?soudre quelques-uns ; ?baucher la solution de quelques autres ; la n?cessit?, le besoin de vivre engageait la Soci?t? fran?aise dans une voie r?aliste. Pouvait-il en ?tre autrement ?… Au point de vue politique, il importait de ≪ r?gulariser ≫ la situation, d’?tablir une forme gouvernementale, puisqu’il paraissait impossible qu’une assembl?e aussi ?videmment r?trograde, r?actionnaire que celle si?geant ? Versailles, au lendemain de sa lutte contre un mouvement r?volutionnaire hautement r?publicain, p?t se r?signer ? consacrer la R?publique issue d’une r?volution. Au point de vue financier, il ?tait d’une extr?me urgence de proc?der ? un minutieux, complet inventaire d’une situation difficile et complexe ; frais ?normes de la guerre, formidable indemnit? ? solder pour lib?rer le territoire de la douloureuse et lourde occupation ?trang?re : pour assurer le fonctionnement des services publics et faire face ? des r?formes auxquelles ne pouvait se soustraire, m?me la coalition des forces conservatrices. Au point de vue militaire, tout ? refaire, tant pour se garder contre un retour offensif du vainqueur que pour le maintien de l’ordre a l’int?rieur. Enfin, se posait le probl?me ?conomique dominant tous les autres, sinon dans les apparences, du moins dans les r?alit?s, parce qu’il touche, r?gle la vie de chacun des membres du corps social. Tandis que la fraction consciente, active du prol?tariat fran?ais, d?cim?e, ?chapp?e ? la fusillade, aux pontons, aux camps pr?ventifs, ? l’exil, se terrait, presque sans espoir : que la grande masse des travailleurs, reprise par l’incessant labeur et son inlassable r?signation, mettait en ?uvre le capital sous toutes ses formes, la bourgeoisie fran?aise, malgr? une intense reprise des affaires dans la production comme dans les ?changes, constatait avec stupeur que la paix ? peine faite avec l’ennemi-soldat, c’?tait une grande guerre qui commen?ait avec un ennemi ?conomique formidablement et m?thodiquement outill?. Ce n’?tait pas pour rien qu’au cours des n?gociations, d’o? devait sortir le texte d?finitif du trait? de paix, les questions relatives aux relations commerciales entre la France et l’Allemagne avaient ?t? ?tudi?es, d?battues avec une grande ardeur, parfois une alarmante vivacit?. Le prince de Bismarck, alors que M. Pouyer-Quertier insistait pour que la France rest?t ma?tresse de sa libert? d’action, avait brutalement r?pondu : ≪ J’aimerais mieux recommencer la guerre ? coups de canon que de m’exposer ? une guerre de tarifs ≫. Et de la discussion une clause ?tait n?e, dont, il faut le reconna?tre du reste, les effets ne furent pas ceux esp?r?s par le chancelier de fer : ≪ Les trait?s de commerce avec les diff?rents ?tats de l’Allemagne ayant ?t? annul?s par la guerre, le gouvernement fran?ais et le gouvernement allemand prendront pour base de leurs n?gociations commerciales le traitement r?serv? ? la nation la plus favoris?e. ≪ Sont compris dans celle r?gle les droits d’entr?e et de sortie, le transit, les formalit?s douani?res, l’admission et le traitement des sujets des deux nations ainsi que de leurs agents. ≪ Toutefois, seront except?es de la r?gle susdite les faveurs qu’une des parties contractantes, par des trait?s de commerce, a accord?es ou accordera ? des ?tats autres que ceux qui suivent : l’Angleterre, la Belgique, le Pays-Bas, la Suisse, l’Autriche, la Russie. ≫ La bourgeoise dirigeante, malgr? de s?rieux avertissements, n’avait pu croire au d?veloppement de la puissance militaire de l’Allemagne. Cependant, la foudroyante campagne de Boh?me ?tait un indice grave. On ?tait all? m?me jusqu’? pr?voir qu’un succ?s des armes fran?aises sur le Rhin provoquerait des d?fections importantes, la dislocation de la Conf?d?ration n?e de l’?crasement de l’Autriche. On ignorait que cette Conf?d?ration ?tait unie par des liens ?conomiques autrement solides que les liens diplomatiques, que les pressions militaires, tant les int?r?ts mat?riels dominent tous les autres. Ce qui se r?v?lait soudain, la paix sign?e, c’est que parall?lement a une Allemagne intellectuelle, militaire, une Allemagne ?conomique s’?tait d?velopp?e avec lenteur mais t?nacit?, s?ret?, capable de concurrencer les nations les plus anciennement et les plus savamment organis?es et que, aux lauriers parfois al?atoires, toujours on?reux de la guerre, elle allait ajouter une riche moisson de lauriers industriels et commerciaux.画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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