La Gr?ce contemporaine

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La Gr?ce contemporaine

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268 円 (税抜き)

Le 1er f?vrier 1852, je m’embarquais ? Marseille sur le Lycurgue ; le 9, je descendais au Pir?e. L’Orient, qui passe pour un pays lointain, n’est pas beaucoup plus loin de nous que la banlieue : Ath?nes est ? neuf jours de Paris, et il m’en a co?t? trois fois moins de temps et d’argent pour aller voir le roi Othon dans sa capitale, que Mme de S?vign? n’en d?pensait pour aller voir sa fille ? Grignan. Si quelque lecteur veut s’?pargner la peine de parcourir ce petit livre ou se donner le plaisir de le contr?ler, je lui conseille de s’adresser ? la compagnie des Messageries imp?riales : elle a d’excellentes voitures qui vont ? Marseille en trente-six heures, et de fort bons bateaux qui font le voyage de Gr?ce en huit jours sans se presser

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. ? Paris, ? Marseille et partout o? je disais adieu ? des amis, on me criait, pour me consoler d’une absence qui devait ?tre longue : ≪ Vous allez voir un beau pays ! ≫ C’est aussi ce que je me disais ? moi-m?me. Le nom de la Gr?ce, plus encore que celui de l’Espagne ou de l’Italie, est plein de promesses. Vous ne trouverez pas un jeune homme en qui il n’?veille des id?es de beaut?, de lumi?re et de bonheur. Les ?coliers les moins studieux et qui maudissent le plus ?loquemment l’histoire de Gr?ce et la version grecque, s’ils s’endorment sur leur dictionnaire grec, r?vent de la Gr?ce. Je comptais sur un ciel sans nuage, une mer sans ride, un printemps sans fin, et surtout des fleuves limpides et des ombrages frais : les po?tes grecs ont parl? si tendrement de la fra?cheur et de l’ombre ! Je ne songeais pas que les biens qu’on vante le plus ne sont pas ceux qu’on a, mais ceux que l’on d?sire. Je fis la travers?e avec deux enseignes de vaisseau qui allaient rejoindre la station du Levant et l’amiral Romain Desfoss?s. Ces messieurs riaient beaucoup de mes illusions sur la Gr?ce : l’un d’eux avait vu le pays ; l’autre le connaissait aussi bien que s’il l’avait vu : car chaque carr? d’officiers, ? bord des b?timents de l’?tat, est un v?ritable bureau de renseignements, o? l’on sait au juste les ressources, les distractions et les plaisirs que peut offrir chaque recoin du monde, depuis Terre-Neuve jusqu’? Ta?ti. Dans nos longues promenades sur le pont, mes deux compagnons de voyage me d?sabusaient ? qui mieux mieux, avec une verve d?solante, et faisaient tomber mes plus ch?res esp?rances comme on gaule des noix en septembre. ≪ Ah ! me disaient-ils, vous allez en Gr?ce sans y ?tre forc? ? Vous choisissez bien vos plaisirs ! Figurez-vous des montagnes sans arbres, des plaines sans herbe, des fleuves sans eau, un soleil sans piti?, une poussi?re sans mis?ricorde, un beau temps mille fois plus ennuyeux que la pluie, un pays o? les l?gumes poussent tout cuits, o? les poules pondent des ?ufs durs, o? les jardins n’ont pas de feuilles, o? la couleur verte est ray?e de l’arc-en-ciel, o? vos yeux fatigu?s chercheront la verdure sans trouver m?me une salade o? se reposer ! ≫ C’est au milieu de ces propos que j’aper?us la terre de Gr?ce. Le premier coup d’?il n’avait rien de rassurant. Je ne crois pas qu’il existe au monde un d?sert plus st?rile et plus d?sol? que les deux presqu’?les m?ridionales de la Mor?e, qui se terminent par le cap Mal?e et le cap Matapan. Ce pays, qu’on appelle le Magne, semble abandonn? des dieux et des hommes. J’avais beau fatiguer mes yeux, je ne voyais que des rochers rouge?tres, sans une maison, sans un arbre ; une pluie fine assombrissait le ciel et la terre, et rien ne pouvait me faire deviner que ces pauvres grandes pierres, si piteuses ? voir dans les brouillards de f?vrier, resplendissaient d’une beaut? sans ?gale au moindre rayon de soleil. La pluie nous accompagna jusqu’? Syra, sans toutefois nous d?rober la vue des c?tes ; et je me souviens m?me qu’on me fit voir ? l’horizon le sommet du Tayg?te. La terre paraissait toujours aussi st?rile. De temps en temps on voyait passer quelques mis?rables villages sans jardins, sans vergers, sans tout cet entourage de verdure et de fleurs qui couronnent les villages de France. J’ai connu bon nombre de voyageurs qui avaient vu la Gr?ce sans quitter le pont du bateau qui les portait ? Smyrne ou ? Constantinople. Ils ?taient tous unanimes sur la st?rilit? du pays. Quelques-uns avaient d?barqu? pour une heure ou deux ? Syra, et ils avaient achev? de se convaincre que la Gr?ce n’a pas un arbre. J’avoue que Syra n’est pas un paradis terrestre : on n’y voit ni fleuve, ni rivi?re, ni ruisseau, et l’eau s’y vend un sou le verre. Le peu d’arbres qu’elle nourrit dans ses vall?es, loin du vent de la mer, ne sont pas visibles pour le voyageur qui passe ; mais il ne faut pas juger l’int?rieur d’un pays d’apr?s les c?tes, ni le continent d’apr?s les ?les.画面が切り替わりますので、しばらくお待ち下さい。
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